MOREL, Benjamin
Président du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica et maître de conférences en droit public à l’Université Paris II Panthéon Assas, auteur d’une thèse remarquée sur le Sénat ainsi que d’articles savants sur les institutions parlementaires, les mouvements régionalistes et les collectivités territoriales, Benjamin Morel compte parmi les jeunes constitutionnalistes et politistes majeurs d’aujourd’hui.
La France en miettes
Imaginez un territoire où les drapeaux sont mis en berne en hommage à l’assassin d’un préfet, où des élus chantent à chaque réunion un hymne composé par un auteur antisémite, où un maire est agressé, car il s’est opposé à ce que l’on arrache le drapeau français de la façade de sa mairie. Vous pensez être devant l’un de ses territoires perdus de la République? Vous êtes en réalité en Corse, en Bretagne, au Pays Basque. Dans ce livre, Benjamin Morel nous montre que le séparatisme régionaliste n’a souvent rien à envier à celui que l’on s’époumone à dénoncer dans certains de nos quartiers. Toutefois, ce qui devrait nous choquer, nous indigner, nous révolter, passe largement sous les radars. Pire, les évènements rapportés sont souvent le fait de collectivités publiques ou d’associations financées par des fonds publics. Parce que
cela est présenté comme défense des cultures locales, nous préférons nous voiler la face. Or, loin de sauver les petites patries, l’auteur montre que les régionalismes les instrumentalisent et finissent même par les étouffer en un imposant une version idéologique et reconstituée. Au bout du compte, ce sont les langues régionales authentiques elles mêmes que
l’on fait disparaître pour imposer l’enseignement d’idiomes militants. Loin d’être quelque chose d’anecdotique, Benjamin Morel montre que la politique active de certaines collectivités et de l’État a conduit à renforcer le régionalisme au point que, avec la Corse, la France connaît aujourd’hui la région où le vote pour des formations sécessionnistes est le plus important d’Europe. À l’aide des instruments de la Science politique, il nous prouve que les décisions des derniers gouvernements nous ont conduits sur la même pente glissante que l’Espagne, la Grande Bretagne et la Belgique et que nous avons peu de temps pour redresser la barre avant que ne se pose la question de l’avenir du pays. A force de vendre la République à la découpe, ne risque t'on par de réduire la France en miettes ?